Merde ! Il est passé où ?
Ce n’était clairement pas comme ça que j’avais envisagé de passer mon dimanche… Je comptais bouquiner en lévitant dans ma salle du Manoir des 4, peut-être boire un verre de rouge avec Ambre, et glander avec mes Pokémon. Et me voilà à courir dans les rues de Phylis, accompagné d’une escouade de l’armée. Le nord de Phylis avait été frappé par l’explosion d’une bombe. Une victime était à déplorer. Petite envergure, mais grande panique. Le quartier entier avait été évacué par la garnison de l’armée de Phylis, arrivée immédiatement sur les lieux. Le Conseil 4 s’était divisé Phylis en 4. Le Nord était sous ma juridiction. Il a donc été ma tâche de quitter le Manoir et de rejoindre les forces sur le terrain. J’appréciai l’efficacité des soldats, et nos relations sur le terrain sont excellentes. Mais leur rigidité m’empêcherait de me lier d’amitié avec eux en dehors, je pense. Ils sont toujours si crispés. Toujours est-il que la situation du jour obligeait une forme de crispation. On passerait tous un sale quart d’heure si le responsable nous échappait. Et à cet instant précis, nous étions incapables de localiser cet homme en fuite que plusieurs témoins avaient reconnu être le coupable. Je me tournai vers le lieutenant de l’armée qui se trouvait sur ma gauche :
-Lieutenant, doublez les effectifs de surveillance de chaque sortie du district nord de Phylis, que ce soit pour rejoindre un autre district ou pour sortir de Phylis. Cet homme ne doit pas quitter le quartier Nord.
-A vos ordres, Monsieur.
Il aboya mes ordres dans son talkie-walkie pour qu’ils soient exécutés. Le périmètre était complètement bouclé. Si le suspect essayait de sortir, il serait repéré. Je serais peut-être rentré pour le repas du soir. Je pourrais alors jouer aux cartes ou léviter tranquillement l’estomac plein. Léviter. Cette envie me donna une idée :
-Lieutenant !
-Oui, Monsieur ?
-Envoyez une escouade de Dresseurs Aériens scanner la zone : qu’ils essayent de repérer la présence de Pokémon Vol que notre suspect pourrait utiliser pour s’envoler.
Il suivit mon injonction. Ne pouvant pas sortir, il ne nous échapperait pas : nous allions inspecter chaque coin du district jusqu’à ce que nous retrouverions sa trace. Dans notre course-poursuite, un Caninos avait réussi à mordre sa jambe, avant d’être contraint de lâcher prise par l’Attaque Purédpois du Smogo du suspect, qui lui avait aussi permis de disparaître. Il était donc blessé. Il ne pourrait pas nous distancer. Quelques heures passèrent. Chaque centimètre des rues du district avait été inspecté. Je soupirai :
-Je ne voulais pas en arriver là, mais on va devoir fouiller les habitations.
-Les médias vont se régaler… maugréa le lieutenant.
-Et les braves gens vont voir leur domicile forcé, renchéris-je, je n’aime pas ça.
Le lieutenant reçut alors un appel dans son talkie-walkie : un soldat nous disait de le rejoindre. Nous ne nous fîmes pas prier. Nous arrivâmes dans une ruelle, où un énorme trou était visible dans un mur. Nous entrâmes par le trou, et vîmes un gigantesque tunnel creusé dans le sous-sol, qui menait à l’extérieur de la ville. Le lieutenant poussa un cri de rage. Je restai muet comme une tombe, le regard lourd de regrets. J’avais échoué. Je passai la soirée à broyer du noir en tirant sur une chicha pour espérer me détendre, sans y parvenir.
Le lendemain, je reçus un appel de l’avant-poste de la Route 2. Un homme qui correspondait à la description de mon suspect se dirigeait visiblement vers Lilliana. Il n’avait été aperçu qu’un bref instant, et n’avait pas pu être intercepté, mais le soldat qui l’avait vu était formel : c’était notre homme. Je ne perdis aucune précieuse seconde avec des tergiversations. Je pris à mon tour mon téléphone, et appelai la garnison de Lilliana :
-Ici Soren Kernaflec’h, membre du Conseil 4, code d’authentification numéro 66438A. Que l’on informe le Champion d’Arène de Lilliana que le responsable de l’attentat d’hier à Phylis semble se diriger vers Lilliana, et que j’arriverai en hélicoptère devant son arène dans exactement une heure pour décider de la marche à suivre.
Je me mis en route sans attendre une éventuelle réponse.